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17 juillet 2007




Prolégomènes mutagénétiques 1.0 [8]

Quelques premiers outils mutantistes (1) : le syntexte

Syntexte [syn-t.ext]: signifie "texte synthétique", et n'est pas uniquement un jeu de mot lacanien avec saint texte, cela peut se dire et écrire de multiples manières significatives : syntex, syntexe, synt.exe, synt.exp, syn-t.ext. On peut aussi ajouter un g pour faire sy(g)n-t.ext, pour accentuer la dimension "signe", ou un h (synth.etc.) pour accentuer le côté synthétiseur.
T.ext, .exp, .exe, comme des extensions de fichiers correspondant à des logiciels d'extériorité, d'exploration, et d'exécution, l'extension .exe étant sans doute la plus puissante des extensions [naissance = vie.exe], évoquant la notion de texte perfor(m)atif (installant et déclenchant logiciels et programmes).

Il s'agit de condenser des dizaines de pages en quelques phrases : concentrer les résumés pour aboutir au niveau 2, faire ouvrir la porte secrète des pensées du cerveau ; résumer les résumés pour trouver de nouvelles idées, de nouvelles visions. Le mutantisme pourrait être un amoncellement de concentrats visiotextes, de concentrats psychiques synthétiques.

Le syntexte doit être comme un shoot : 5mn de lecture est l’idéal, 10mn maximum ; après l'impact se perd, l'on passe à un autre type de super-syntexte qui nécessite organisation et subdivisions.
Pour cela : écrire pendant plusieurs mois ; relire, tout couper sauf quelques mots qui semblent mériter d’être sauvés ; puis assembler (la phase d’assemblage doit être effectuée, si possible, dans un état de légère transe épiphanique, avec une musique adéquate, très violente, très compliquée, très rapide).
Aller droit au but. Nec, nectar. Trouver de nouvelles idées, de nouvelles visions par l’amoncellement de concentrats visiotextes.
A force de travailler sur des textes de toutes origines sur de longues périodes, on finit vraiment par voir tout cela comme de la matière, de la sculpture de langage pensée-sensation. Tous les textes du monde sont de la matière à sculpter. Tout le langage du monde est de la matière à compresser et sculpter. Comme une immense casse de voitures, où de nombreuses carcasses sont démantelées et compressées en un seul parallélépipède métallique, une seule sculpture compacte et chaotique à la fois, un chaos compact.

De l'intérêt du développement des techniques de concentrat et de syntextique
Le nombre d’œuvres produites dans ce monde s’accroît chaque jour. Avec le temps qui passe, les écrits s’accumulent, et même après un tri rigoureux, le nombre d’œuvres méritant le détour, le regard, méritant d’être connues et conservées, ce nombre d'oeuvres s’accroît, lentement, mais inéluctablement.
La population sur Terre augmente, et avec les progrès de l’alphabétisation et de l’éducation, la population d’humains produisant et pouvant produire des œuvres écrites augmente en proportion.
Le nombre d’œuvres sur Terre va augmenter au point que tout regard d’ensemble deviendra de plus en plus ardu, voire impossible.
En l’absence de technique d’ingestion accélérée des œuvres (ce qui, peut-être, ne saurait tarder, grâce à l’invention de puces miniaturisées pouvant stocker des informations dans le cerveau), le temps de prise de connaissance des oeuvres importantes du patrimoine de l’humanité va et ira sans cesse croissant. Il suffit de considérer le nombre et la qualité des œuvres du 20e siècle : on ne peut faire l’économie de leur connaissance, pas plus que l’on peut faire l’économie de la connaissance des œuvres des siècles précédents. Il en sera de même pour le 21e siècle et les siècles suivants : même avec des zones désertiques, des périodes creuses, la fécondité reste la règle, sur la durée, et ce siècle produira son lot d’œuvres significatives qui ira s’additionner à celles des siècles et millénaires précédents, au point qu’il sera de plus en plus difficile pour un nouveau-venu de comprendre et assimiler l’ensemble, pour être un humain mis à jour et conscient du point historico-spatio-temporel où il se trouve.

Le Chinois comprennent particulièrement bien ce problème : leur écriture est si complexe, qu’il faut en moyenne à chaque Chinois plusieurs années de plus, par rapport aux autres civilisations, pour maîtriser leur idiome. Il va s’avérer crucial pour eux de trouver une technique de synthèse et de simplification de leur écriture. (Les Turcs sont par exemple exemplaires en la matière, avec la réforme de leur langue.)

Devant cette situation d’inflation généralisée et durable du nombre d’œuvres, il peut être intéressant de considérer une autre manière de produire des œuvres : faire très court, en utilisant les techniques mêlées de la condensation, du résumé et du cut-up : qu’une page condense, sans pertes, 30 pages d’images et de pensées. Selon le roman de science-fiction Babel 17, le langage condensé, compressé, serait l’arme absolue. Sans aller jusque là, nous pensons que l’humanité aurait à gagner à étudier cette voie, et il me semble que d’un point de vue littéraire cette voie n’a pas été pleinement explorée. [Attention nous avons pleinement conscience d'autres voies basées sur la répétition, l'amplification, le développement, etc.].

Quelques exemples
Les livres Caméras Animales (Raison basse, Crevard, Vitriol, Danse-fiction…) sont des syntextes : chacun d’eux a été conçu avec l'auteur à partir de plusieurs œuvres de l’auteur, d’un volume à chaque fois environ 3 à 30 fois plus important que le livre final. Chacun de ces livres est donc un moyen d’en savoir beaucoup plus sur chaque auteur et son œuvre qu’un livre classique. Par exemple, 15000 mails sur des années des listes [compost_23] et [cucuclan] ont été syntexés en 51 pages dans Raison basse.
Quelques autres exemples de tentatives de langage concentré à partir de grandes quantités de texte : Réplicants (7 syntextes) ; examiner possibilité que certains textes de François soient des syntextes.

Langage français plus compact et rapide
En français, nombre de petits mots dans une phrase ne sont pas pleinement nécessaires à la construction du sens (ils jouent un rôle de consolidation et ré-affirmation du sens) et peuvent être en de nombreux cas supprimés, produisant ainsi des effets d’accélération de lecture et d’ingestion de données, et ceci sans avoir recours au langage sms ou sténo. Ainsi par exemple "je suis français" peut être transformé sans dommage en "suis français", ou "je vais à la pharmacie" en "vais pharmacie". Le but est d’inventer des codes plus rapides, tout en restant fluide et aisément compréhensible (éviter syndrome Guyotat-Le-Livre, le point où la compression n’est plus compréhensible (même si l’on peut voir ça comme une très belle partition musicale)).
Donner exemples de ce type d’accélération dans Machine dans tête et Réplicants.

[à suivre]

... invidé par saihtaM à 02:33




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