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25 février 2007




step... ? 48 ?

Du coup j’avais tronqué mon corps, une bonne partie de moi, ça n’existait tout simplement plus. Nombre de gens n’existeraient plus, en même temps que ce morceau qui partait à la dérive. Il fallait faire des choix, couper les parties gangrenées, les mortifères, les hargneuses. Je me retrouvais sans jambes. J’avais décidé de m’acharner. Je marchais grâce à un skate-board. Je posais mon tronc dessus, et je roulais. C’était difficile, mais au moins je ne me réveillais pas dans un matin noir sans fin, à ne pas savoir pourquoi je me cassais la gueule sans même m’être levé. Je n’avais plus à supporter les non-sens, les exaspérations, la mauvaise foi, la haine, l’envie, le paradoxe. Je n’avais plus de jambes, mais au moins j’avançais. Avant, d’essayer de comprendre, je faisais du surplace, jusqu’à en faire un trou, jusqu’à m’enfoncer sous terre. Bien entendu ces choses-là demeuraient. En vie. Mais je ne me situais plus dans leurs trajectoires. J’étais libre. J’avais des morceaux en moins, que j’avais laissés sur place, aux chiens. En avançant je m’apercevais qu’il y en avait d’autres. On roulait tous ensemble avec nos skate-boards, on faisait des courses en riant, plutôt bêtement. Il faut dire qu’on en devenait niais, de cette liberté, de ces secousses. On s’encourageait, en hurlant. Ça m’avait manqué. C’était mon truc l’encouragement. Le support. Supporter l’autre. Évidemment le risque, c’était de tomber sur des personnes qui ne supportaient que d’être supportées et qui ne vous supportaient pas. Maintenant c’était loin derrière. Avec mes potes sans jambes, on roulait super vite. Ça n'avait pas été facile de se trouver. Dans tout ce noir. C’était grâce aux briquets. À la fumée. On s’était retrouvés près d’un chantier.

On avait dit :

— T’as vu, c’est cruel ?
— Ouais c’est cruel.

Le sang dégoûlinait. Mais on ne pleurait pas. On s’était faits avoir. Par une kyrielle de gens. C’était des gens bourrés de poches de faux sang qui tous les jours appuyaient dessus en disant « Oh mon dieu as-tu vu comme je saigne ! » Et le sang c’était du ketchup. Et à force de nettoyer le ketchup avec nos frites, on en avait perdu les mains. Donc près du chantier, on s'était serré les moignons.

Le matin je sautais jusqu’au beurre. Je sautais jusqu’à la casserole. Pour baiser c’était pas évident non plus. On avait fait des réunions. Pour appréhender l’objet perché. On s’était donné des conseils. On en avait conclu qu’il fallait boire. Comme disait Big Pu, l’objectif c’est la lune, la succession des trois stases (bouteille toi tire-bouchon) fera place à une co-simultanéité de trois extases.

ÉTHERNITÉ.

Limite un renversement pataphysique.

... invidé par estragon à 22:59




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